Blé tendre Interpréter la décoloration de la bande double-densité
Il n'est pas toujours aisé de distinguer un changement de couleur de la bande et d'en diagnostiquer la cause.
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« Il m'est déjà arrivé de mal interpréter la décoloration d'une bande double densité. J'y ai vu à l'époque une faim d'azote alors qu'elle était provoquée par un manque d'eau apparu plus vite dans la bande du fait de sa forte densité de semis (600 gr/m²). J'ai alors effectué mon premier apport trop tôt. En fait, faute d'expérience au début, il est nécessaire de disposer d'un appui technique », explique Jean-Marc Blanchet, exploitant à Asnières-la-Giraud (Charente-Maritime), pour mettre en évidence toute la difficulté à bien appliquer la méthode de la bande double densité (méthode Limaux).
Premier apport décalé : de trois semaines
« Avant, j'effectuais mon premier apport à des dates fixes sans me soucier du stade du blé ou des reliquats azotés. Depuis cinq ou six ans que j'emploie cette technique, le premier apport est généralement fait entre le 7 et le 15 février, soit trois semaines à un mois plus tard qu'avant. Je décale ensuite d'autant mes deux autres apports », précise Jean-Marc Blanchet. Et même si la dose totale d'azote est restée d'environ 170 à 180 unités, il observe une légère amélioration de son rendement (75-80 q/ha en 2005) mais surtout un gain en protéines avec 11-11,5 points l'an passé. En effet, il s'est autorisé, grâce à cette méthode, à modifier son fractionnement. Il n'apporte plus que 30 à 40 unités au premier apport selon le précédent et en met davantage au troisième avec 40 à 50 unités pour tenter d'obtenir davantage de protéines. L'apport au stade épi 1 cm reste pour sa part de 80-90 unités.
Décoloration pas toujours bien visible
Mais il n'est pas toujours facile d'observer une décoloration franche de la bande. « Je travaille en réseau sur le sujet ce qui me permet de savoir à quel moment regarder avec plus d'insistance », témoigne l'exploitant. Il effectue son observation dos au soleil à une vingtaine de mètres de la bande pour avoir une bonne vue de l'ensemble. Par ailleurs, il est important de ne pas manquer le début de la décoloration car il apparaît ensuite une décoloration parallèle du reste du champ qui masque en partie ce changement de couleur.
Jean-Marc Blanchet surveille régulièrement les bandes implantées pour chaque type de précédents. Les parcelles avec précédent tournesol seront les premières à contrôler. Mais pour cette année, il se sait tranquille jusque fin janvier. « Je réalise tous mes premiers apports au plus tard au 15 février même s'il n'y a pas eu décoloration. Du 15 février au 15 mars, nous entrons dans une période très sèche et je risque de ne pas pouvoir intervenir correctement si j'attends. En fait, je ne me permets de passer cette date que pour les parcelles avec un précédent pois car ce blé accepte souvent l'impasse du premier apport et peut attendre le stade épi 1 cm. » En cas d'impasse, Jean-Marc Blanchet n'augmente pas la dose d'azote au stade épi 1 cm où la plante reçoit ses 80 unités, puis 40 à 60 unités au dernier apport.
La méthode de la bande double densité a ainsi permis à Jean-Marc Blanchet de décaler le deuxième apport après la période critique (15 février-15 mars). Il le déclenche après avoir atteint une somme de températures d'environ 200 °C jours après le premier apport, soit un intervalle de trois à quatre semaines.
Décoloration : intervenir dans un délai raisonnableDans la mesure où les conditions climatiques le permettent, Jean-Marc Blanchet intervient dans un délai d'une semaine après la décoloration du blé. Il est ainsi conseillé d'intervenir dans les sept à quinze jours qui suivent l'apparition de cette décoloration. En effet, le blé peut supporter une carence de courte durée sans effet sur son rendement. Ce délai peut ainsi être mis à profit pour bénéficier de bonnes conditions climatiques lors de l'intervention. |
Faciliter le diagnostic dès le semisJean-Marc Blanchet reconnaît que la densité de semis joue sur la facilité à observer cette décoloration. " Lorsque je semais la parcelle à 350-400 gr/m², une double densité permettait de bien repérer cette décoloration. Mais maintenant à 250, voire 200 gr/m², la bande a quelquefois du mal à décrocher, ce qui me fait envisager la triple densité pour mieux visualiser ce changement mais avec le risque d'anticiper davantage la carence. " La réalisation de la bande double densité à la perpendiculaire ou en diagonale des passages de semis facilite aussi son repérage dans la parcelle par rapport à une bande semée par chevauchement de deux passages de semoir. |
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